Le Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris

Le Petit Palais, musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris, a été construit à l’occasion de l’Exposition universelle de 1900 par l’architecte Charles Girault (1851-1932). Ce temple de l’art offre un panorama artistique de l’Antiquité jusqu’au début du 20ème siècle. Peintures, sculptures, objets d’art, mobilier, tapisseries et même la plus belle collection d’icônes de France s’y côtoient dans une muséographie diversifiée et aérée qui permet de présenter quelque 1 300 des 45 000 oeuvres de ses collections.

Inauguré en décembre 1902 sous le nom de Palais des Beaux-Arts de la Ville de Paris, le Petit Palais avait suscité un tel enthousiasme que Girault s’était aussitôt vu confier par le roi des Belges, Léopold II, la construction du Musée du Congo à Tervuren et que ses émules en ont fait des copies jusqu’à Rio et Santiago du Chili. Paradoxalement, c’est le joyau auquel l’architecte attachait le plus de prix, la lumière, inondant l’édifice par les verrières, les hautes baies périphériques entre la Seine et les Champs-Élysées et le péristyle ouvrant sur un jardin intérieur, qui était devenu par la suite, dans le souci de protéger les oeuvres des méfaits du soleil, « l’ennemi ». D’où les cloisons, faux plafonds et fenêtres obturées qui rendirent peu à peu le musée sombre, triste et poussiéreux - mais heureusement - en laissant intacte toute la décoration intérieure si malencontreusement camouflée.

Rendue à la vue en 2006 par les architectes Philippe Chaix et Jean-Paul Morel chargés de la rénovation du Palais, cette décoration retrouvée est en soi un panorama de l’art français de la fin du 19ème siècle. Les peintures des plafonds, sur le thème fédérateur de Paris capitale des arts (dont la coupole peinte par Maurice Denis, L’histoire de l’art français), ont retrouvé leur éclat ; les nombreuses sculptures en pierre blanche, en plâtre ou en zinc doré renaissent à la vie et un soin particulier a été apporté à la restauration de la ferronnerie et des mosaïques de pavement. Côté ferronnerie, élément essentiel du décor dessiné par Girault lui-même, brillent la somptueuse grille de la porte d’entrée, véritable morceau de bravoure de l’art de la serrurerie, et les rampes des magnifiques escaliers intérieurs des deux rotondes. Côté décor du sol, exécuté par le mosaïste d’origine italienne Facchina, les travaux de rénovation ont permis de restaurer les pavements des grandes galeries, du vestibule d’entrée et du péristyle du jardin et de ressusciter les mosaïques d’or et d’émail de trois bassins du jardin cachés sous une couche de béton.

Outre le retour de la lumière et de la transparence, les architectes choisis après concours avaient notamment pour mission de gagner le maximum d’espace pour permettre l’exposition de collections permanentes plus nombreuses. Pari tenu puisque le musée se déploie maintenant sur 22 650 m² au lieu de 15 650, l’espace de présentation passant de 3 000 à 5 000 m² auxquels s’ajoutent 2 400 m² pour les expositions temporaires. Un double circuit de visite est désormais organisé dans deux grandes galeries distinctes, l’une côté Champs-Élysées pour les expositions permanentes (dont l’accès est gratuit comme dans tous les musées de la Ville de Paris), l’autre côté Seine pour les expositions temporaires, dont l’accès est payant.

L’étonnante diversité des collections du Petit Palais tient à la façon originale dont elles se sont constituées : à l’origine il s’agissait de commandes ou d’achats effectués par la Ville de Paris dès 1870 pour offrir un panorama de l’art français de la fin du 19ème siècle, aussitôt enrichi grâce à des achats d’ateliers et à de nombreux dons et legs. Foisonnante époque que celle de "Paris 1900" où Cézanne, Odilon Redon, Monet, Vuillard, Bonnard, sont parmi les peintres qui, comme les sculpteurs Carpeaux ou Rodin, illuminent en France le tournant du siècle, tandis que triomphe l’Art nouveau avec l’architecte Hector Guimard, le verrier Emile Gallé ou les bijoutiers Lalique et Fouquet. L’année même de l’ouverture du musée, en 1902, deux collectionneurs passionnés, les frères Eugène et Auguste Dutuit, offraient à la Ville de Paris une magnifique collection d’œuvres anciennes allant des bronzes et céramiques antiques aux objets d’art du Moyen Age et de la Renaissance (émaux, majoliques, arts précieux) en passant par les tableaux flamands et hollandais du 17ème siècle, les tapisseries, les manuscrits anciens, et l’un des plus spectaculaires cabinets d’arts graphiques de France.

Autre donation remarquable : celle effectuée en 1930 par un couple de collectionneurs américains, Edouard et Julia Tuck, principalement consacrée aux arts décoratifs du 18ème siècle. La galerie qui porte leur nom est la seule partie du Petit Palais restée intacte avec ses boiseries du 18ème, ses meubles rocaille et ses vitrines où les porcelaines allemandes de Meissen rivalisent de charme avec les faïences et les émaux anglais à fond bleu ou rose.

Parmi les legs les plus récents figure la plus importante collection d’icônes de France, témoin d’un monde chrétien oriental qui complète les sujets religieux du monde occidental de la collection Dutuit comme les ivoires gothiques ou les émaux peints de Limoges.

Réparti sur deux étages, le circuit de visite remonte le temps, depuis "Paris 1900" jusqu’au monde grec et romain. L’ancien jardin intérieur, qui s’était affaissé, a été rénové, retrouvant ses essences exotiques. Un auditorium de 182 places a été installé sous le jardin et un tout nouveau café, Le Jardin du Petit Palais, offre un havre de convivialité.

Le musée tout entier est accessible aux handicapés et des visites spéciales (tactiles, en lecture labiale ou en langue des signes) sont prévues. Entamées durant la fermeture, les "Ambassades du Petit Palais", expositions itinérantes à l’étranger, continueront régulièrement, tout comme la mise en valeur des métiers d’art et la collaboration avec les métiers de la mode.

Claudine Canetti

Dernière modification : 30/01/2009

Haut de page